Prodigieuses créatures de Tracy Chevalier
Je viens de finir Prodigieuses Créatures, le nouveau Tracy Chevalier, et j’ai des fossiles plein les yeux.
C’était mon premier livre de cette auteur et je dois dire que je ne suis pas déçue.
4e de couverture
Dans les années 1810, à Lyme Regis, sur la côte du Dorset battue par les vents, Mary Anning découvre ses premiers fossiles et se passionne pour ces « prodigieuses créatures » dont l’existence remet en question toutes les théories sur la création du monde. Très vite, la jeune fille issue d’un milieu modeste se heurte aux préjugés de la communauté scientifique. Celle-ci, exclusivement composée d’hommes, la cantonne dans un rôle de figuration.Mary Anning trouve heureusement en Elisabeth Philpot une alliée inattendue. Cette vieille fille intelligente et acerbe, fascinée par les fossiles, l’accompagne dans ses explorations. Si leur amitié se double peu à peu d’une rivalité, elle reste leur meilleure arme face à l’hostilité générale.
Mon avis
Prodigieuses Créatures raconte l’histoire de manière romancée, de Mary Anning et d’Elizabeth Philpot, deux femmes qui ont vécu au XIXe siècle et qui étaient passionnées par les fossiles.
Plusieurs thèmes sont évoqués dans ce roman : la condition des femmes du XIXe siècle et leurs difficultés pour être reconnues dans la communauté scientifique, on aborde aussi la difficulté de transcender les idées religieuses sur la création du monde. Pour moi qui suis passionnée par l’évolution, Tracy Chevalier n’aurait pas pu trouver meilleur thème pour m’envouter. J’ai adoré la façon dont elle met en place, au travers de son récit, l’apparition des interrogations au sujet de l’histoire de la terre. J’ai particulièrement aimé ce passage d’un notable, qui cherche à expliquer ce que pourrait être le dernier fossile d’ichtyosaure trouvé par Mary Anning :
« Ses yeux sont plutôt grands pour un crocodile, hasardai-je. Ne trouvez-vous pas Lord Henley ? […]
- C’est simple Miss Philpot. Il s’agit là d’un des premiers modèles créés par Dieu et Il a dû décider de donner aux suivants des yeux plus petits. […]
- Voulez-vous dire que Dieu l’a mis au rebut ?
- Je veux dire que Dieu désirait une version plus réussie – le crocodile que nous connaissons aujourd’hui -, et qu’Il a renoncé à cet exemplaire là. »
Tracy Chevalier a réussi, tout au long de son livre, à mettre les mots sur ce qu’ont dû être les phrases que se sont dit les découvreurs de ces créatures tout à fait surprenantes. J’ai aussi beaucoup aimé l’esthétique du XIXe qui ressort dans ce livre, on a effet l’impression d’évoluer dans les cabinets des curiosités, qui avaient le vent en poupe à l’époque.
Pour ceux qui ne seraient pas intéressés par les fossiles, ne mettez pas pour autant ce roman de côté. On est aussi, ici, face à une véritable histoire d’amitié entre deux femmes que la vie n’a pas toujours épargnées. J’ai tout particulièrement apprécié l’alternance des chapitres entre le récit de Miss Philpot et celui de Mary Anning. Chacune des deux ont leur propre manière de parler ce qui donne une réelle personnalité à ces deux femmes. Le récit est construit de telle manière que l’on a l’impression de se trouver face à deux grand-mère qui raconteraient à des enfants, ce qu’a été leur vie, quelles ont été leurs joies et leurs peines. On retrouve aussi dans ce récit tout le charme des romans à la Jane Austen, ce romantisme à l’anglaise que l’on retrouve aussi bien dans la prose que dans les histoires d’amour, d’amitié et de trahison qui parsèment ce roman.
En bref, un joli roman à deux voix qui aborde avec justesse l’apparition des théories de l’évolution et leur aspect dérangeant face aux préconçus religieux de l’époque, tout en sachant nous captiver de bout en bout grâce à deux personnages attachants et à une esthétique teintée de XIXe.
COUP DE COEUR
(illustratrion : portrait de Mary Anning, British Museum)
J'ai reçu ce livre suite à un concours proposé par Partage lecture et les éditions de La Table Ronde, pour en savoir plus rendez-vous : ici